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European Dairy Farmers Et si s’agrandir ne suffisait pas ?

Découverte. Le congrès EDF offre l’occasion de visiter de nombreuses fermes. En Tchéquie, beaucoup ont conservé les bâtiments soviétiques pour limiter les investissements.

Stratégie. La crise a poussé les éleveurs à réduire leurs coûts et à s’agrandir, comme en Tchéquie, qui accueillait le congrès EDF 2017. Une voie qui pourrait un jour toucher ses limites.

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C’est la Tchéquie, l’un des pays d’Europe où le prix du lait est le plus faible, qui accueillait en juin le congrès EDF 2017. Et pourtant, le niveau de ce prix n’a guère alimenté les débats. Car, faut-il le répéter, les éleveurs de ce réseau se concentrent sur ce qu’ils maîtrisent.

Les congressistes ont choisi de s’interroger sur les clés d’une conduite d’élevage efficace. L’exemple tchèque (voir « L’exploitation » p. 124) ne manque pas d’intérêt. Ces éleveurs compensent la faiblesse du prix du lait par une contraction des charges par vache et une forte productivité (9 792 kg de lait/vache en moyenne nationale). Ils misent aussi sur l’agrandissement et les économies d’échelle. L’une des clés réside dans les surfaces importantes facilitant l’autonomie alimentaire.

En clair, une maîtrise drastique des coûts et leur dilution, grâce à la taille et à la productivité, qui portent leurs fruits. Les éleveurs tchèques du réseau atteignent un prix d’équilibre de 282 €/t de lait, soit 70 € de mieux que la moyenne européenne (350 €). Une performance équivalente à celle des Irlandais. Le gros de la troupe se situe autour de 350 €, avec une stratégie souvent assez proche. La France et les Pays-Bas se distinguent avec des prix d’équilibre plus élevés, respectivement 380 et 400 €. Pour les Bataves, l’explication vient de la nécessité de réduire les effectifs pour des raisons environnementales­. La France semble pénalisée par les freins au développement imposés par les industriels. Ailleurs (sauf en Italie), la fin des quotas a permis d’améliorer le prix d’équilibre.

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Les évolutions depuis quatre ans montrent un recul du prix d’équilibre en raison d’une baisse des coûts par vache, mais aussi d’une hausse de la productivité laitière (+ 500 kg/vache) et d’un accroissement de la production totale pour diluer les charges.

Certes, ces stratégies ont permis aux éleveurs de résister à la baisse du prix du lait. Mais les moyens utilisés interpellent Steffi Wille-Sonk, qui analyse ces chiffres à EDF. La baisse des charges est nette sur les postes d’équipement. N’y aura-t-il pas un retour de bâton quand il faudra faire face au vieillissement et à l’usure ? Quant à l’augmentation de la productivité laitière, elle implique une hausse des ressources mobilisées par vache (capital, terre, travail). Elle ne peut se poursuivre durablement sans un recours à l’agrandissement, l’embauche ou l’automatisation. Ce mode de développement ne va-t-il pas atteindre ses limites ? Cette réflexion prend un relief tout particulier en France où cette stratégie est restée bridée, pour l’instant.

Pascale Le Cann

- Présidencede EDF. Neil Dyson, un Anglais, succède à Katrine Lecornu, éleveuse dans le Calvados.

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